Assistante parentale experimentée

Assistante parentale experimentée

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Des idées, des actualités

10 Nov 2022

La hausse de la consommation d'antibiotiques chez les enfants

Dans son dernier rapport publié début novembre, Santé Publique France pointe du doigt une augmentation de la consommation d’antibiotiques chez les enfants de moins de 4 ans.

La prescription d’antibiotiques chez les jeunes enfants a bondi en 2021
Après une baisse des prescriptions, suite aux mesures sanitaires instaurées durant l’épidémie de Covid en 2020, 2021 « s’est accompagnée d’une reprise des infections hivernales courantes, des consultations médicales et des prescriptions d’antibiotiques, particulièrement au dernier trimestre », explique santé Publique France qui rappelle que la France au niveau européen est le 4ème pays européen le plus consommateur de ces médicaments. C’est chez les enfants âgés de 0 à 4 ans que la hausse a été la plus importante. En effet les prescriptions d’antibiotiques ont augmenté pour revenir quasiment au même niveau qu’en 2019, avant la pandémie de COVID-19.

Prescrire des antibiotiques n’est pas anodin
« La prise d’antibiotiques n’est jamais anodine », précise le Dr Anne Berger-Carbonne responsable de l’Unité infections associées aux soins et résistance aux antibiotiques à Santé publique France. La professionnelle de santé explique que le traitement antibiotique influe sur le microbiote détruisant les bonnes bactéries de notre intestin pour laisser place aux bactéries résistantes aux antibiotiques. Elle ajoute que « certaines molécules, appelées aussi antibiotiques critiques, génèrent davantage cette résistance avec le risque de rendre ces traitements inefficaces ».

Halte aux idées reçues
Santé publique France pointe également du doigt de nombreuses idées reçues sur les antibiotiques. Plus d’1 Français sur 2 (54%) par exemple « pense qu’il est recommandé de prendre des antibiotiques pour un mal de gorge (alors que plus de 80% des angines sont virales), 50% estiment que les antibiotiques permettent de se remettre plus vite sur pied ». La prochaine Semaine pour un bon usage des antibiotiques mondiale - du 18 au 24 novembre - est l’occasion pour Santé publique France, de rappeler le bon usage des antibiotiques via une nouvelle campagne : « Les antibiotiques : bien se soigner, c'est d'abord bien les utiliser ».

Article rédigé par : Isabelle Hallot



7 Feb 2022
17 May 2023

Être pris dans les bras quand je pleure.

L’enfant a besoin de l’adulte pour répondre à ses besoins et à ses envies. Bien avant le langage, il va mettre en place de nombreux moyens pour communiquer avec l’adulte comme les pleurs, les sourires ou encore le babillage. Le pleur est un moyen de communiquer pour l’enfant. Il doit être compris comme un système d’alarme que l’enfant met en route quand une sensation de mal-être arrive : faim, fatigue, gène physique, insécurité. Ce que l’enfant attend, c’est la réponse de l’adulte à son appel, pas forcément la solution. Cela signifie se faire bercer, se faire consoler et réconforter par les mots, les bras…


Ce que nous dit la science

Tout ce que l’enfant vit dans es rencontres affectives modifie son cerveau en profondeur. En raison de son immaturité cérébrale, l’enfant ne pas relativiser son vécu, ses émotions. Son néocortex n’est pas suffisamment mature. L’adulte doit remplacer le néocortex que l’enfant n’a pas encore suffisamment développé et l’aider à revenir dans une situation de bien-être émotionnel.  
Les neurones forment un réseau très dense et se transmettent l’information sous forme électrique, c’est ce qu’on appelle l’influx nerveux. Ils communiquent entre eux par les synapses dans lesquels des molécules, les neurotransmetteurs font passer l’influx nerveux d’un neurone à l’autre.Chez l’enfant, les connexions qui transmettent les informations entre le cortex et le système limbique sont encore peu développées. C’est ce qui explique que l’enfant est vite submergé par de véritables tempêtes émotionnelles (issus du mode de fonctionnement du cerveau archaïque et émotionnel) et liées à l’immaturité du cortex préfrontal. L’enfant reçoit les émotions de plein fouet, sans filtre, sans possibilité de s’apaiser seul.
Quand il est en colère, quand il est triste, angoissé, a peur, ses émotions sont extrêmement intenses, sans avoir la capacité de s’apaiser, de se consoler seul.Quand l’entourage ne console pas l’enfant, il est en proie à des molécules de stress (cortisol, adrénaline...) très toxiques pour son cerveau en développement. Il est donc primordial de répondre aux pleurs des enfants quel que soit leur âge, de ne pas les laisser dans un état d'inquiétude, de panique, de stress trop longtemps. Quand les adultes sont capables d’apaiser de sécuriser l’enfant ils font mâturer son cerveau de façon globale

27 Jul 2018

Déshydratation chez l'enfant

Les 4 règles d’or à connaître

Tout bébé, tout enfant vomissant, ayant de la diarrhée, ou de la fièvre, se déshydrate.

Tout enfant ayant soif et urinant moins de 6 fois par jour est déshydraté.

Tout enfant fébrile, vomissant, ayant la diarrhée, ayant séjourné au soleil, devenant agité ou apathique est gravement déshydraté jusqu’à preuve du contraire.

Les rhino pharyngites fébriles, les gastro entérites et la chaleur sont les principales causes de déshydratation chez le tout petit !


Déterminer le degré de gravité de la déshydratation

L’enfant a soif, a un comportement normal et urine au moins toutes les 6 heures : la déshydratation est débutante et nécessite un traitement « à domicile ».

L’enfant a de la fièvre (38°5C), vomit et a la diarrhée depuis plus de 12 heures, urine moins souvent ou pas, a les yeux cernés, est fatigué, est trop calme ou agité, et a perdu 10% de son poids ou plus : c’est une déshydratation grave qui nécessite une hospitalisation en urgence. Il faut appeler le SAMU.


Comment traiter la déshydratation

Il faut traiter la cause : anti émétiques (VOGALENE), anti diarrhéiques (TIORFAN/SMECTA), anti pyrétiques (PARACETAMOL), isoler de la chaleur.

L’hydratation se fait par de l’eau sucrée et/ou par des solutés de réhydratation (ADIARIL/PEDIALYTE), en commençant par 1 cuiller à café toutes les 10 minutes et en augmentant la quantité dès que l’enfant ne vomit plus.

Il semble logique de déshabiller un enfant qui a de la fièvre, de mettre dans un endroit « frais » non exposé à la chaleur ou au soleil un enfant qui a « un coup de chaleur »…

La déshydratation pouvant s’aggraver, les vomissements pouvant amener à une fausse route, il faut surveiller l’enfant !

Après avoir donné VOGALENE, attendre environ 30 minutes avant de donner à boire à l’enfant… L’enfant continue à vomir ce qu’il boit malgré le traitement par VOGALENE (1 dose « poids » répétée 30 minutes après la première), il faut l’hospitaliser.

Traiter la diarrhée nécessite TIORFAN (dosage nourrisson et enfant) ou SMECTA (1 seul dosage mais environ ½ sachet 1 à 2 fois par jour chez le nourrisson, jusque 2 à 3 sachets par jour chez l’enfant de 3 à 4 ans).

Traiter la diarrhée nécessite aussi une alimentation « spéciale » : rien de cru, rien de froid, ni laitages, ni jus de fruits, mais des compotes, du riz et des purées de carottes.

Attention : vomissements et diarrhée peuvent aussi être les signes de déshydratation sévère. Si ces signes ne cèdent pas avec le traitement mis en œuvre il faut hospitaliser le tout-petit.


Ce qu’il ne faut pas faire

Plonger l’enfant dans un bain froid : le choc thermique peut être responsable de complications immédiates mortelles…

Réhydrater l’enfant avec des sodas et autres boissons gazeuses, qui pourraient aggraver les vomissements.

Réhydrater l’enfant avec des boissons trop fraiches ou chaudes : les premières vont créer ou aggraver la diarrhée, les secondes vont augmenter la fièvre.

Rester au soleil, en mettant l’enfant sous un parasol : la chaleur y est tout aussi importante et il n’est pas protégé des UV malgré ce que l’on peut penser.


Dr Pierre-Emmanuel Lebas, médecin-urgentiste

20 Jul 2023

Précautions pour protéger les enfants pendant la canicule

Article rédigé par : Mireille Legait

La canicule n’arrive pas sans prévenir, heureusement. Depuis 2004, un Plan National Canicule permet d’anticiper les hausses de mercure avec notamment une meilleure information du public. Sur le site de Météo France, vous trouverez quatre niveaux d’alerte : vert, jaune, orange et rouge. Vert tout va bien ; jaune, ça chauffe mais dans des limites raisonnables ; orange, attention, ça devient préoccupant pour les personnes vulnérables, notamment les bébés et les jeunes enfants ; rouge, on ne vous fait pas de dessin…

Vous pouvez trouver aussi des informations complémentaires sur le site du Ministère de la Santé ou de l’Agence Régionale de Santé (ARS) dont votre département dépend. Suivre la courbe des alertes permet d’anticiper quelques jours avant l’alerte jaune afin de mieux contrôler la température ambiante de votre intérieur (lire ci-après) et d’organiser votre semaine d’activités avec les enfants de manière judicieuse.
Panne d’internet ? Appelez la mairie qui pourra vous renseigner sur le niveau d’alerte. Par ailleurs, sachez que certaines PMI fournissent des informations spécifiques pour la petite enfance.

Aérez plutôt votre maison très tôt le matin et tard le soir, aux heures les plus fraîches. Dès que la température extérieure avoisine celle de l’intérieur, fermez les volets et les fenêtres pour empêcher la chaleur d’entrer. Créez des courants d’air si une petite brise est perceptible. « Vous pouvez aussi suspendre à vos fenêtres un drap mouillé qui rafraîchira l’atmosphère ou installer une couverture de survie », explique Karine Valmelette.

Le ventilateur peut être d’une aide appréciable, à condition qu’il ne soit pas posé trop près des enfants ni orienté dans leur direction, car les pales ventilent aussi de la poussière. « Attention à l’effet de leurre, alerte Karine Valmelette. Le ventilateur rafraîchit mais n’hydrate pas. On peut penser que l’enfant n’est pas en manque d’eau parce qu’il y a un effet fraîcheur grâce au ventilateur alors qu’il est en train de se déshydrater. »
Quant à la climatisation, si vous en disposez, la différence de température entre l’extérieur et l’intérieur ne doit pas excéder de six à huit degrés (de même dans la voiture !), au risque de provoquer un choc thermique chez les enfants. Enfin, pensez aussi qu’au niveau du sol il fait plus frais qu’à 1,50m ! « Mesurez la température à dix centimètres du sol pour bien estimer le niveau de chaleur auquel sont exposés les enfants et ne pas leur proposer un rafraîchissement plus important que nécessaire », conseille notre experte.

Habillez-les léger, un body (pensez à demander du change aux parents) suffit souvent, même pendant la sieste (surtout pas de drap humide sur l’enfant pendant son sommeil, utilisez plutôt un brumisateur pour le rafraîchir régulièrement s’il semble avoir chaud pendandans 20 centimètres d’eau », rappelle notre experte.

Vous pouvez aussi, si vous avez un jardin, installer un tuyau percé de tout petits trous : cela amuse beaucoup les enfants qui courent autour et contribuera à les rafraîchir.


En règle générale, par temps de canicule, mieux vaut éviter les sorties et laisser les enfants au frais. Mais, si vous avez un jardin, ou pensez que la température extérieure, bien qu’élevée, permet une petite détente au square proche de chez vous, pensez à protéger les enfants des UV et de la réverbération. Des lunettes sont indispensables car la visière de la casquette n’est pas une protection suffisante en cas de forte réverbération. Demandez aux parents de vous en fournir, ainsi qu’une crème solaire de leur choix, adaptée à l’âge de leur enfantet n'exposez pas leur peau au soleil, il faut garder un vêtement. Pensez à emporter un brumisateur. Et bien entendu, proposez-leur à boire aussi souvent qu’à la maison si ce n’est plus.
Attention aux parasols : toutes les toiles ne sont pas anti-UV. Leur protection est donc très relative et ne doit pas dispenser du port de lunettes et de crème solaire.

Pour protéger l’enfant, ne posez jamais un lange sur la capote pour occulter l’ouverture de la poussette. Cette protection est non seulement inefficace car les UV traversent les mailles du lange, mais cela a pour effet d’empêcher le passage de l’air et la température, sous la capote, atteint vite des niveaux insupportables pour l’enfant. Cette pratique, courante hélas, est dangereuse. Equipez-vous plutôt d’une ombrelle orientable pour poussette, à tissu anti-UV. En règle générale les sorties si elles se font doivent se faire tôt le matin ou en toute fin de journée.

A moins de pouvoir garer votre voiture à l’ombre, de pouvoir la faire démarrer par un tiers pendant dix minutes avec la climatisation pour rafraîchir l’habitacle avant d’y installer les enfants, votre voiture sera inutilisable par temps de canicule. Tant pis pour les activités au RAM ou à la bibliothèque. 

28 Jul 2022

Piqûreune piqûre d’insecte chez un tout-petit ? 

Il a été piqué par un moustique ou un aoûtat

La piqûre est reconnaissable au petit gonflement rouge. Cette piqûre est le plus souvent bénigne et les traces disparaissent en deux ou trois jours. Mais ça démange !
Comment soulager l’enfant : comme pour toute piqûre, il faut laver la plaie avec de l’eau et du savon et tamponner doucement avec une serviette propre pour sécher. Pour diminuer le gonflement, il est possible de passer sur la piqûre un glaçon enveloppé dans des compresses ou dans une serviette propre (jamais en contact direct car le froid brûle), cela permet aussi de diminuer l’inconfort de la sensation de démangeaison. Vous pouvez apposer sur la piqûre une crème antihistaminique, mais attention, toutes ne sont pas indiquées pour des tout-petits. Idéalement, avant la saison des moustiques, il faut anticiper en demandant aux parents de vous fournir le produit conseillé par leur médecin ou vous être équipée vous-même selon les conseils de la PMI ou du pharmacien. Si vous avez sauté cette case, ce n’est pas grave, vous pouvez jouer votre joker en filant à la pharmacie la plus proche. Et en attendant, vous pouvez appliquer sur la piqûre une compresse imbibée d’eau et de vinaigre de vin, un remède d’antan qui soulage la sensation de démangeaison.
Les précautions à prendre : il faut empêcher l’enfant de se gratter, pour éviter le risque de surinfection. Le plus simple est d’opter pour un body à manches longues s’il a été piqué sur les bras ou/et des chaussettes ou un legging léger s’il a été piqué sur les jambes.

Il s’est fait piquer par une tique

Plus rares en ville, les piqûres de tique à la campagne sont légion, surtout si vous avez projeté une balade dans les hautes herbes ou si votre jardin est proche d’un pré ou d’un jardin où gambadent des chiens. La morsure d’une tique est en général sans gravité et indolore mais dans certaines régions (Alsace, Lorraine, Limousin, Auvergne et Rhône-Alpes), environ 20% de ces insectes véhiculent hélas la maladie de Lyme. Pour la repérer, il faut bien observer le corps de l’enfant, derrière le genou, au pli de l’aine et du bras en général.
Comment soulager l’enfant : pour déloger la tique qui s’enfonce toujours en partie sous la peau par la tête, attrapez la tique par sa tête le plus près possible de la peau avec une pince à épiler à bouts effilés, et tirez droit (surtout n’essayez pas de la déloger en tirant en zizgag). Vous pouvez aussi utiliser une carte bancaire (préalablement désinfectée), en la glissant sous le corps de la tique jusqu’à la tête et en poussant pour inciter la tique à lâcher prise. Ensuite lavez la plaie à l’eau et au savon et séchez soigneusement avec un linge propre. Si vous n’avez pas de pince à épiler sous la main ou que l’astuce de la carte bancaire vous laisse dubitative, n’essayez pas d’enlever la tique avec les doigts. Filez à la pharmacie ou au cabinet médical proche de votre domicile.
Les précautions à prendre : Comme pour les autres piqûres, veillez à recouvrir la plaie par un vêtement. Vous pouvez stocker la tique dans un bocal ou une enveloppe fermée pour que les parents la confient à un laboratoire d’analyse afin de savoir si la tique était porteuse d’une maladie (Lyme notamment). Curieusement, il semblerait qu’une piqûre de tique puisse rendre certaines personnes allergiques à la viande* et cette réaction, provoquée par la salive de l’insecte, peut se manifester plusieurs semaines ou mois après la piqûre. Il faut donc surveiller chez l’enfant les symptômes suivants : démangeaisons, urticaire, nausées et vomissements. D'où la nécessité de prévenir les parents pour qu'ils puissenr surveiller l'évolution non seulement de la piqûremais aussi de ses évenetuelles conséquences.

Il a été piqué par un insecte à dard

Abeille, guêpe ou frelon, la piqûre est souvent rouge et enflée, douloureuse et peut provoquer une réaction allergique. Prudence ! Surtout si l’enfant a été piqué à plusieurs reprises ou dans la bouche : dans ce cas, aucune hésitation, appelez les services d’urgence sans attendre.
Comment soulager l’enfant : si le dard est resté dans la plaie (abeille), retirez-le en grattant la peau avec un objet plat (par exemple une carte de crédit préalablement désinfectée) ou avec votre ongle, après avoir brossé vos mains au savon. Veillez bien à ne pas presser la glande à venin au bout du dard pour ne pas en diffuser davantage. Puis lavez la plaie à l’eau et au savon. L’utilisation d’un antiseptique pédiatrique n’est pas nécessaire. Comme pour les piqûres de moustique, vous pouvez passer sur l’endroit douloureux des glaçons emballés dans un linge propre afin de diminuer œdème et douleur. Si la douleur persiste, vous pouvez donner à l’enfant un peu de paracétamol ou d’ibuprofène, mais vérifiez bien les dosages en fonction du poids de l’enfant auprès de votre pharmacien ou de votre pédiatre.
Les précautions à prendre : comme pour les piqûres de moustiques, recouvrez la zone piquée avec un vêtement pour éviter la surinfection en cas de grattage. Et surveillez attentivement l’enfant dans les heures qui suivent pour dépister d’éventuels symptômes de réaction allergique (voir encadré). Dans certains cas, il peut s’agir d’une urgence absolue.


Travaux de recherches du Pr Platts-Mills, allergologue, Professeur à l’Université de la Virginie (USA) dont les travaux ont été publiés dans le « Journal of General Internal Medicine » en 2012.

2 Mar 2023

Lire (au moins) un livre par jour aux nourrissons : un atout pour l'acquisition du langage 

Selon les résultats d’une étude menée par des chercheurs américains et publiée dans le Journal of the American Board of Family Medicine en décembre dernier, les compétences linguistiques des tout-petits sont améliorées quand les adultes leur lisent régulièrement des histoires avant l’âge d’un an.

Des scores de langage plus probants dès 9 mois
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont établi que les nourrissons bénéficiant d’une lecture d'au moins un livre par jour, à partir de l'âge de deux semaines, présentaient de meilleurs scores de langage dès neuf mois. Pour arriver à ce résultat, les scientifiques ont divisé le groupe de parents observés en plusieurs sous-groupes : le groupe A n'a reçu aucune instruction, tandis que les sujets du groupe B se sont engagés à lire 1 livre par jour. Quant aux parents du groupe C, ils se sont inscrits après la 34e semaine de gestation et se sont engagés à lire 1 livre par jour et à regarder une vidéo sur le développement du cerveau du nourrisson. Chaque groupe d’enfants a ensuite été évalué grâce à un test de langage lors des visites périnatales toutes les deux semaines.

Raconter des histoires améliore le vocabulaire
Les chercheurs concluent ainsi dans leur travaux que « la lecture à voix haute aux enfants renforce les compétences linguistiques et les relations parents-enfants et jette les bases de la réussite scolaire et professionnelle. C'est l'un des moyens les plus efficaces d'améliorer l'acquisition du vocabulaire et la conscience phonologique par l'exposition à un langage enrichi. ». Enfin, ils pointent l'importance de la régularité précoce de cet exercice, gage desdits bénéfices sur le langage.

Source : https://www.jabfm.org/content/35/6/1156

15 Dec 2022
Cinq albums pour patienter jusqu’à Noël

Cinq albums pour patienter jusqu’à Noël

8 Dec 2022

Acquisition du langage

L’enfant est un être de relation et de communication. Il est programmé génétiquement pour interagir avec autrui. Catherine Lefèvre, psychomotricienne, Diplômée en sciences de l’éducation et en neurosciences, formatrice petite enfance explique ici en quoi le langage est essentiel et tout ce que les neurosciences ont permis de comprendre sur la façon dont il s’acquiert. Et en tire des conseils pour favoriser son apprentissage. Son credo : Parlons aux bébés, parlons avec eux ; les mots sont essentiels au bon développement et à la santé de l’enfant.

Les échanges sont vitaux pour le développement de l’enfant, et par le passé, plusieurs expériences malheureuses sont venues confirmer ce caractère essentiel : la recherche du langage universel par Frédéric II de Prusse, en est un exemple terrible. Souhaitant connaître la langue universelle des nourrissons, Louis II interdit aux nourrices de parler aux enfants. Le résultat se soldera par le décès des bébés. L’enfant a besoin de grandir dans un univers sensoriel sonore, et langagier. Les pédagogues tels que Emmi Pikler, avec la notion de verbalisation, Françoise Dolto qui insista sur l’importance du parler vrai avec l’enfant ou Loris Malaguzzi qui insista sur les 100 langages de l’enfant, ont permis de positionner cet axe comme central dans le développement du jeune enfant.

Dès la naissance, un génie du langage

Les avancées en neurosciences appliquées à l’enfant, permettent de mieux cerner les mécanismes cérébraux, impliqués dans les apprentissages langagiers, et ce, dès le plus jeune âge.
Dès le 6ème mois de grossesse, on peut noter in utero un développement important des régions temporale et frontale du cerveau, créant une certaine asymétrie du volume cortical. Cette dernière se comprend aisément : la région temporale où se trouve l’aire de Wernicke est le siège de la compréhension langagière, tandis que se trouve dans la région frontale l’aire de Broca siège de la production du langage. Des régions qui seront activées et sollicitées dès que les variables environnementales seront présentes.
Dès la naissance, le jeune enfant développe des mécanismes d’apprentissages ciblés, notamment dans les domaines de la sensorialité. On désigne ainsi comme période sensible sensorielle la période s’étendant de la naissance à 3 ans.
Le sens de l’audition est très développé. Le nourrisson discrimine la voix de sa mère dès les premières heures de sa vie (cf. le film « le bébé est une personne » de B. Martino).

Le bébé, un polyglotte en herbe

Si sa mère parle plusieurs langues, le bébé aura une nette préférence pour sa langue maternelle. Dès 4 jours, il distingue les différentes langues pratiquées par un même locuteur. Dès 4 mois, le tout-petit fait même la distinction entre des langues similaires : pour les langues latines, il sera alors capable de différencier l’italien de l’espagnol, le français de l’italien…
Le bébé place le son, dans l’espace. Il est capable de le suivre s’il se déplace. Il est sensible aux intonations, aux différences d’intensités, aux phrasés et aux mélodies…
Il fait la différence entre la plupart des voyelles et des consonnes de toutes les langues du monde. Il repère également très vite les sons qui ne sont pas utilisés dans sa langue maternelle. Il détecte les variations de prosodie (voix qui monte descend s’arrête…). Il identifie les groupes de sons qui se suivent fréquemment (se comporte comme un statisticien)
La science parle du nourrisson, comme d’un génie du langage. Cette capacité de reconnaître les différents phonèmes mondiaux, lui vaut le nom de « bébé international ».

Vers un an, l'enfant se concentre sur sa langue maternelle

Cependant, le bébé ne garde cette aptitude que quelques temps :  jusqu’à l’âge de 9-10 mois pour les enfants élevés dans des environnements monolingues, plus tardivement pour ceux qui bénéficient d’un environnement multilingue. Avec le temps, il se centre sur les sonorités de la langue entendue au quotidien- sa langue maternelle - et il finit par perdre toute reconnaissance « internationale » des phonèmes.
Fort à propos, certaines capacités développementales viennent compenser, contrebalancer, cette perte innée des phonèmes internationaux, et donner du sens aux âges choisis par l’éducation nationale pour l’apprentissage d’une seconde langue.
En effet, vers 10-12 ans, si l’enfant est naturellement moins sensible et réceptif aux différentes sonorités, il amorce et développe une analyse des mécanismes grammaticaux, et une compréhension du fonctionnement des différentes syntaxes linguistiques. Ceci lui permet de mettre en place d’autres stratégies pour l’apprentissage d’une seconde langue. 

Les 4 facteurs qui  facilitent l’apprentissage du langage

Les neurosciences cognitives ont identifié au moins quatre facteurs qui déterminent la vitesse et la facilité d’apprentissage : l’attention, l’engagement actif, le retour d’informations, la consolidation.  Ces piliers sont des essentiels pour les apprentissages langagiers.
- L’attention soutenue et accompagnée dans l’échange à deux, dans des contextes aux stimulations ciblées et choisies
- L’engagement actif de l’enfant dans la découverte, l’expérimentation orale et/ou gestuelle. L’enfant est libre de s’exprimer, il y est encouragé et écouté
- Le soutien de l’adulte qui donne le temps, pose des mots, reformule et/ou complète la phrase afin que la syntaxe soit correcte, offre le retour d’information nécessaire à l’enfant afin qu’il réajuste ses essais de langage oral.
- Le repos qui permet la consolidation des apprentissages, car c’est la phase d’encodage des informations acquises et des découvertes vécues.
La mise en mémoire des apprentissages chez le jeune enfant est également liée à la maturation de son système nerveux. En effet, le tout-petit s’appuie essentiellement sur sa mémoire épisodique de contexte (lobe frontal) et sa mémoire répétitive (hippocampe) pour élaborer une trace mnésique cérébrale. C’est pourquoi, il sera important d’offrir des environnements agréables sereins qui génèrent confiance et estime de soi et d’insister sur la répétition orale des professionnels.

Ne pas sous-estimer le plaisir de la découverte
S’appuyer sur une bonne connaissance du développement du jeune enfant est donc fondamental, pour proposer des interactions qui encouragent le positionnement de l’enfant acteur dans la découverte du langage. Mais il y a aussi le plaisir. Indispensable  car il motive, incite à persister et à poursuivre l‘effort. C’est aussi une récompense car il apporte satisfaction et donne du sens à l’action : ici de découvrir et d’apprendre. Enfin, il contribue au développement et à la maturation du système nerveux (par la production de la dopamine libérée dans les moments heureux).

Article rédigé par : Catherine Léfèvre

3 Nov 2022

Amis imaginaires des tout-petits

 Quelle attitude adopter ?


Au cours de la troisième année, tous les enfants commencent à créer des personnages qui sortent de leur imagination. En dehors des jouets que l’enfant manipule et fait parler le temps d’un court scénario, prennent place des personnages invisibles avec lesquels il dialogue régulièrement. Les amis imaginaires accompagnent parfois l’enfant tout au long de la journée, de la maison à son mode d’accueil. Quel comportement adopter ? Comment répondre aux inquiétudes exprimées par les parents ? Les explications de la psychopédagogue Fabienne Agnès Levine.

Il est convenu de parler d’« ami imaginaire » lorsque le personnage qui est le fruit de la pensée magique de l’enfant est évoqué de manière constante, au moins six mois de suite. Il a toujours un nom, connu ou inventé. Dans ses travaux sur la puissance de l’imagination, le psychologue américain Paul L. Harris considère que le phénomène de l’ami imaginaire appartient à la catégorie des jeux de rôle. Il envisage deux cas autres que le personnage invisible : lorsque l’enfant joue lui-même le rôle de la créature inventée (faire le chat par exemple) et lorsque l’enfant prête une identité à un jouet. Ce peut être le doudou qui, d’objet transitionnel ayant une fonction de sécurisation, devient un personnage à part entière avec une existence propre. 

Un comportement assez ordinaire


Plusieurs études donnent à peu près les mêmes chiffres : plus de la moitié des enfants, jusqu’à trois quarts, ont ou ont eu un compagnon imaginaire entre l’âge de 2 et 7 ans (et plus). Parmi eux, figurent une majorité d’enfants uniques et d’aînés (élevés seuls plusieurs années). Souvent, c’est la situation de solitude qui favorise l’apparition d’un ou de plusieurs interlocuteurs mystérieux. Parfois, c’est la richesse de l’imagination qui pousse l’enfant à jouer à l’écart et à inventer un dialogue. Les deux cas coexistent et ne constituent pas un frein à des relations sociales avec les pairs quand l’occasion se présente. Dans leurs témoignages, les psychologues cliniciens ne mentionnent pas un profil type de l’enfant susceptible d’entrer en conversation avec un personnage invisible. Leur invention ne serait donc pas, comme on avait pu le penser, l’apanage des enfants introvertis, timides, solitaires mais une manifestation assez ordinaire de la vie psychique.
L’ami virtuel, en tant que double de l’enfant, est le confident de ses joies et ses peines, le complice de ses bêtises, le témoin d’évènements pénibles réels ou fantasmés. Assurément, il exerce une fonction importante dans la construction de la personnalité, la plupart du temps pour aider l’enfant à grandir. Plus rarement, son existence entretient une confusion entre réel et fiction qui interpelle. Il peut aussi être le dépositaire d’un lourd secret. Mais ça, c’est seulement dans le cabinet du ou de la psychothérapeute que ça fait sens.

Une acceptation inégale par les adultes

Une fois le personnage imaginaire bien installé dans la vie de l’enfant, ce dernier ne manque pas de solliciter les adultes à son égard : une chaise pour l’ami invisible, une assiette à table, une place dans la voiture, une accusation facile de type « C’est pas moi, c’est lui », etc. Comme pour l’ensemble de l’activité symbolique du jeune enfant, inutile de faire du zèle comme si on y croyait plus que l’enfant, par exemple en disant : « Où est A… ? C’est le moment du repas. » ou « Et A…, il ne veut pas faire de toboggan aujourd’hui ? » Comme dans beaucoup de domaines, la règle d’or est d’accueillir les paroles et les gestes de l’enfant sans chercher ni à l’influencer, ni à mettre sa parole en doute.
Les avis des psy sur les réponses à apporter sont partagés : quelques-uns considèrent qu’entrer un peu dans le jeu est un moyen d’apprendre à connaître l’enfant tandis que la plupart mettent en garde contre l’intrusion dans son univers. De plus, leurs recommandations diffèrent selon l’âge de l’enfant et la nature de la situation : l’enfant de 3 ans expliquant que son « ami(e) » n’a pas faim car il a mangé beaucoup de chocolat ne suscite pas la même attention que celui de 5 ans racontant que, pendant la récréation, il a été attaqué par d’autres enfants et que son « ami(e) » l’a défendu en courant après eux.

Une manifestation de l’intelligence

Face à la présence d’un compagnon invisible ou d’un jouet traité comme un être vivant dans le quotidien, les parents réagissent très différemment en fonction de leur propre rapport à la rêverie : certains sont ravis d’assister à l’imagination débordante de leur enfant, quelques-uns s’inquiètent d’éventuels phénomènes hallucinatoires, la plupart souhaitent juste comprendre ce qui se passe. Selon Paul L. Harris, les enfants qui ont un ami imaginaire seraient plus performants que les autres pour comprendre les états mentaux d’autrui car ils auraient plus d’occasions de se représenter le monde à travers les yeux d’autrui. Plusieurs arguments peuvent rassurer les parents autour du rôle de l’ami imaginaire sur le langage, la pensée et les habiletés sociales :

  1. La pensée de l’enfant est à l’œuvre dès lors qu’il attribue des caractéristiques humaines à un ou plusieurs compagnons imaginaires.
  2. En prêtant des intentions à autrui, réel ou pas, et en le faisant parler, l’enfant témoigne de sa capacité à se décentrer pour deviner ce que l’autre pense (théorie de l’esprit).
  3. En faisant vivre des situations variées au personnage qu’il a créé, l’enfant expérimente une grande palette d’émotions et développe ainsi sa capacité d’empathie.
  4. En inventant questions et réponses de part et d’autre, l’enfant s’entraîne aux relations sociales avec ses pairs.


Des réponses à éviter

  • Interrompre l’enfant qui est en pleine conversation avec un personnage invisible.
  • Faire semblant de voir le compagnon dont parle l’enfant.
  • L’appeler par son nom et entamer un dialogue imaginaire avec lui.
  • Lui attribuer une place (à table, pendant un jeu…) avant même que l’enfant ne le demande.


Des réponses à privilégier

  • Considérer que l’enfant vous parle surtout de lui quand il prête des paroles et des actions à autrui.
  • Être attentif aux messages que l’enfant fait passer inconsciemment (l’expression de ses désirs, ses frustrations, ses angoisses…).
  • Introduire les expressions « pour de vrai » et « dans ta tête » dans le cas où le compagnon imaginaire devient envahissant.
  • Prendre conseil si le profil du personnage imaginaire est particulièrement négatif, du fait de sa méchanceté ou de sa violence.


Un ami qui repart comme il est venu
Chez l’assistante maternelle ou en crèche, en classe ou en garderie périscolaire, l’important est de ne pas se moquer et de ne pas considérer comme mensonge ce qui est l’expression de l’imaginaire et de l’inconscient. En général, l’épisode se termine en douceur, même s’il a duré quelques années. Un peu comme le doudou de moins en moins recherché pour vivre les séparations et les épreuves, l’ami imaginaire est de moins en moins présent dans la tête de l’enfant jusqu’à tomber dans l’oubli. Des fois, il disparaît du jour au lendemain sans même que les parents aient le temps de le réaliser.

Article rédigé par : Fabienne Agnès Levine

28 Jul 2022

Comment reconnaître une réaction allergique ?

L’enfant ou le bébé peut présenter un ou différents symptômes après avoir été piqué, signe d’une réaction allergique probable. Il peut s’agir :

• d’une respiration sifflante
• d’œdèmes au niveau du cou, du visage, de la bouche et des voies respiratoires (lèvres, muqueuse bucale…)
• d’un essoufflement ou rythme cardiaque accéléré
• d’une difficulté à parler
• d’une peau devenue froide et moite
• de vomissements
• d’une perte de conscience.
Ce qu’il faut faire : allongez bébé en position latérale de sécurité et appelez le SAMU ou les pompiers de toute urgence, puis prévenez les parents.  

7 Apr 2022

L’observation : pour voir et percevoir ce que les enfants ressentent

Avoir sommeil, être triste, avoir faim, avoir chaud, avoir froid, entendre du bruit, trop ou pas assez, voir telle chose, sentir telle odeur, être triste, être inquiet, avoir peur, être content, être impatient, être en colère, avoir envie, ne pas oser…Autant d’états que les enfants (comme les adultes) traversent tout au long de la journée, dans des nuances et des intensités variables. Ces ressentis sont à la fois sensoriels et émotionnels. Et ils se vivent à l’intérieur de soi.  Alors comment les adultes peuvent-ils les percevoir de l’extérieur ? Comment les adultes qui prennent soin des enfants peuvent-ils les accompagner dans leurs ressentis ? Éléments de réflexion par Monique Busquet, psychomotricienne.

L’attention aux ressentis de l’enfant : une question peu abordée
Un enfant ne peut rien faire par lui-même de ce qu’il ressent. Il a absolument besoin de nous pour faire avec ses ressentis : les repérer, les reconnaître, les accueillir, y mettre du sens, les nommer, les prendre en compte et apporter notre présence à l’enfant.  Lorsqu’un enfant est ainsi accompagné  «de façon suffisamment juste», il peut à son tour, lorsqu’il grandit, être attentif, reconnaître ses ressentis et agir en fonction… C’est une des clés de la connaissance de soi, de la prise en compte de ses besoins et de ceux des autres, du grandir et vivre ensemble dans un suffisant bien-être.  
Comment voir ce qui est si délicat, personnel, intérieur, si subjectif ?  Cette question de notre perception des ressentis de l’enfant est en fait assez peu souvent abordée, comme si cette perception était évidente et naturelle ou au contraire, trop intense. Les regards et paroles adressés aux enfants (ou à propos d’eux) évoquent plus souvent ce qu’ils font que ce qu’ils ressentent. Il est vrai que les professionnels ont de très nombreux autres éléments à regarder et prendre en compte : des éléments matériels et concrets, liés à la santé et la sécurité des enfants, à leur jeu, activité et développement sur les temps d’accueil. Pourtant cette question est à la fois centrale dans la qualité d’accueil et particulièrement difficile.

Un vrai challenge indissociable de certaines conditions
C’est un vrai travail, qui mobilise des compétences de savoir, savoir-faire et savoir être et repose sur un certain nombre de conditions individuelles et collectives :
Avoir l’intention et l’envie de porter cette attention aux ressentis, le sachant essentiel pour chaque enfant
- Pouvoir être suffisamment disponible, malgré les nombreuses autres tâches à réaliser
- Pouvoir se laisser être touché, pouvoir accueillir et recevoir ce que ressent l’enfant, lui faire de la place
- Choisir de porter une attention fine aux manifestations corporelles de l’enfant : un petit geste, une crispation, un mouvement de recul, un regard, une mimique, un mouvement de la tête ….
- Pouvoir décoder ce que son langage corporel, le non-verbal donne à voir.  Ces manifestations corporelles, cette expression « extérieure » des émotions et ressentis « intérieurs » peuvent être discrètes et difficiles à percevoir. Même vues, elles ne sont souvent pas perçues consciemment, pas réellement identifiées et prises en compte.
-Tenter de mettre du sens sur ce qui est ainsi perçu, sur ce qui s’exprime. Avoir la finesse et les connaissances pour faire ce décodage avec prudence et ainsi accompagner l’enfant dans ses ressentis. « Tu as l’air d’avoir envie, d’avoir sommeil, d’avoir mal, d’être content, tu t’intéresses à ceci,  tu regardes telle chose, tu as entendu... »      
Savoir identifier nos propres ressentis et ne pas les confondre avec ceux de l’enfant. Rester conscient de notre subjectivité et de notre part d’interprétation. Le repérage de l’émotion de l’enfant et le décodage que nous en faisons, dépend de nos propres émotions qui y font écho. Nous ressentons en partie les émotions que nous percevons chez l’enfant.  En même temps, nous vivons aussi les nôtres, celles qui nous appartiennent en propre (notre humeur du jour), et celles qui sont déclenchées par les comportements de cet enfant.  Ainsi lorsqu’un enfant pleure, une partie de moi vit quelque chose de sa tristesse, une autre partie de moi peut être en colère ou inquiet à cause de ces pleurs qui dérangent les autres, et d’autres parties en moi vivent sans doute d’autres émotions sans lien avec cet enfant… Nos propres ressentis peuvent être des indicateurs de ce que ressent l’enfant. Mais il n’est pas  simple de repérer ce qui nous appartient et ce qui appartient à l’enfant en propre. Nous pouvons prendre en compte ce que nous ressentons, y faire un tri, pour ne pas faire de projection.  
- Regarder avec suffisamment d’attention les manifestations corporelles de l’enfant permet de pouvoir dire ce sur quoi l’on s’appuie, d’objectiver un peu plus notre observation, notre perception.
- Savoir quoi faire de ce qui est perçu. Il n’est pas toujours facile de savoir quoi faire de l’expression des émotions des enfants, comment y réagir.  La peur le plus souvent inconsciente d’être débordé, d’être impuissants à les consoler, peut gêner la perception des ressentis de l’enfant.  Ainsi par peur et méconnaissance des besoins des enfants, il leur a souvent été dit et répété « ne pleure pas, » « ne t’inquiète pas ». De même le mot maman n’était pas nommé devant eux par peur de déclencher des pleurs…
Pourtant, l’émotion est là, plus ou moins intense, même lorsqu’elle ne s’exprime pas bruyamment et l’enfant a autant besoin de l’adulte et de sa présence réelle psychique et/ou corporelle pour la partager et être aidé à s’apaiser.

Rendre visible ce qui ne l’est pas : un travail délicat
Cette observation fine des ressentis de l’enfant est un travail qui nécessite donc intention, attention et disponibilité, prudence et connaissance de soi, possibilité de s’exprimer et de prise de recul.
C’est un vrai travail de dépasser la spontanéité qui nous fait percevoir principalement les éléments qui ont un effet concret et immédiat sur nous, ce à quoi nous devons réagir : soigner, protéger l’ensemble des enfants, répondre aux besoins bruyants et criants, aux comportements qui dérangent les autres ou nous-mêmes (par exemple, lorsqu’un enfant tape ou jette tous les jeux par terre…).
C’est un vrai travail de regarder l’enfant pour lui-même, dans ce qu’il vit et non seulement ce qu’il nous fait vivre. C’est un vrai travail de se centrer sur l’enfant. C’est un vrai travail de lui montrer ainsi tout l’intérêt que nous lui portons. Mais n’est-ce pas le plus précieux !
Plus nous en avons une intention profonde, plus nous nous y exerçons, plus nous y sommes soutenus (par exemple, par des espaces de paroles respectueux, protecteurs et non jugeant), plus cette perception des ressentis de l’enfant devient fine et prend une juste place.  
C’est certainement un point essentiel de notre travail de prendre soin : rendre visible ce moins visible.

 Article rédigé par : Monique Busquet

7 Feb 2022

In a Heartbeat : 4 minutes d’émotion

David et Esteban Bravo, deux étudiants en animation informatique à l’Université de Ringling en Floride, ont réalisé un court-métrage, destiné aux enfants,  qui n’a laissé personne indifférent. Publié le 31 juillet sur Youtube, le film nommé In a Heartbeat atteint en ce vendredi 4 août plus de 14 millions de vues. Un chiffre assez conséquent pour un simple court-métrage de 4 minutes.

Le film suit l’histoire de Sherwin, un jeune garçon timide et un peu maladroit qui tombe fou amoureux de Jonathan, le garçon le plus populaire de l’école (car oui, il y en a toujours un). A la vue du jeune garçon, Sherwin ne peut retenir son cœur qui sort littéralement de sa poitrine. Le petit rouquin va alors tout faire pour le rattraper mais les situations embarrassantes s’accumulent, sous le regard réticent des autres élèves. Face à cela, Sherwin part se cacher, de peur d’être jugé à cause de son homosexualité. La suite, à vous de la deviner !

27 Jan 2022

Patrice Huerre : « Le jeu est un ingrédient très riche dans le développement cognitif, psychologique et affectif de l'enfant »

Patrice Huerre, psychiatre et psychanalyste, coordonne au plan national la pédopsychiatrie du groupe CLINEA France. Dans son livre Jouer un moteur pour la vie (Nathan), ce spécialiste dans l'accompagnement des enfants et des adolescents explique comment le jeu développe la créativité et l'intelligence sociale dès le berceau.

 Pourquoi le jeu est-il important dans la construction de l'enfant ?
Patrice Huerre : Le jeu est important tout au long de la vie : petite enfance, enfance, adolescence, adulte, vieillard. Depuis les jeux de la Rome antique jusqu'à aujourd'hui, le jeu a d'ailleurs toujours eu une place prépondérante dans la vie collective. Jouer, dans le sens « avoir du jeu », est une compétence psychologique qui permet de ne pas tout prendre au pied de la lettre et de vivre moins mal. Ceux qui n'ont pas de jeu se braquent, se ferment et se retrouvent en difficulté. Mais quand cette capacité de jeu a pu se constituer, elle devient une dimension essentielle de l'humain. D'où l'importance de développer cette aptitude dès la première année de vie tout en sachant que si cette capacité n'est pas constituée à ce moment-là, cela ne veut pas dire que c'est irréparable, heureusement.

À quel moment un bébé commence-t-il à jouer et comment joue-t-il ?
S'il ne rencontre pas de problèmes d'attachement, le bébé joue dès la première année de vie au sens où il explore l'environnement extérieur avec son corps. Jusqu'à six mois, le bébé dépend de son entourage pour survivre et ça se joue essentiellement à deux : l'enfant et l'adulte qui satisfait ses besoins en temps réel. Le bébé découvre alors sa bouche, le plaisir de sucer ses doigts, d’attraper ses pieds… et commence à jouer en reproduisant ces gestes qui le réconfortent. Il découvre aussi sa voix et joue avec les sons qu'elle émet. À partir de six mois, intervient l'objet transitionnel, le doudou, que le bébé peut manipuler. Ça se joue à trois désormais : l'enfant, l'adulte et le jouet. Grâce à cet objet investi par le parent et le bébé, ce dernier peut différer ses besoins et attendre en jouant avec lui. Vers 8 mois, le tout-petit découvre la relation entre l'image que lui renvoie le miroir et sa propre personne, et joue avec cette découverte. Jouer pour le bébé est à chaque fois source de plaisir. Durant cette première année, les conditions nécessaires et universelles qui vont permettre à l'enfant de trouver satisfaction par le biais du jeu se mettent en place.

Après cette première année, quelles sont les grandes étapes du jeu ?
À partir d'un an, le bébé gagne en autonomie. Il se déplace, marche, ses gestes sont plus précis. Ses découvertes varient et s'enrichissent au fil des mois. Sa palette de jeux s'élargit. Cela passe par l'exploration de ses capacités motrices et du corps de l'autre qui est une manière de découvrir le monde par les réactions qu'elle induit. Le tout-petit est aussi capable de jouer sans jouet faisant appel à des images, une sorte de cinéma intérieur qui lui permet d'atteindre la satisfaction espérée. Cette étape permet l'émergence du langage verbal. Avec les premiers mots qu'il possède, de nouvelles possibilités s'offrent à lui dans la relation aux autres. Il commence à exprimer son point de vue et ses besoins. Il peut aussi rendre compte de son monde intérieur.

C'est vers deux ans que l'enfant commence à jouer avec ses peurs ?
Oui parce qu'à partir de deux ans, son monde intérieur devient de plus en plus sophistiqué et des pensées nouvelles apparaissent. Les peurs en font partie. Là encore, le recours au jeu va être un moyen pour le tout-petit de les détourner et de les apprivoiser notamment avec les jeux de cache-cache. Entre deux et trois ans, les expériences relationnelles se diversifient au fur et à mesure de l’acquisition de nouvelles compétences psychomotrices et langagières. Le jeu va être le moyen de partager avec ses parents, ses frères et sœurs ou les autres enfants de la crèche ou de l'assistante maternelle des sensations, des émotions. Se cacher ne se limite plus à se dissimuler derrière le doudou. Le tout-petit investit désormais l'espace. Ces nouvelles explorations lui permettent de tester ses capacités, de faire ses propres expériences et de progresser par essai et par erreur avec les autres mais aussi seul. Avec ses jouets, le tout-petit invente des histoires, construit des univers, rejoue la peur éprouvée… La prime, c'est le plaisir d'avoir découvert ou réussi quelque chose de nouveau grâce au jeu qui est un ingrédient très riche dans le développement cognitif, psychologique et affectif de l'enfant. Et un moteur extraordinaire pour apprendre. C'est aberrant d'arrêter de jouer pour être sérieux parce que jouer, c'est très sérieux !

Article rédigé par : Anne-Flore HervéPUBLIÉ LE 23 NOVEMBRE 2021

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